Zoom sur... le portrait (mai 2019)

Le portrait est un art complexe, faisant appel à une parfaite connaissance de la technique photographique, mais aussi à une excellente maîtrise psychologique. Pour cette thématique du mois de mai, l’espace Gandhi ouvre toutes grandes ses portes aux « portraits féminins » de Lionel Fernandez, et aux « portraits masculins » de Thierry Kisel. 

Interview croisée

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Lionel Fernandez : Lionel, 47 ans, né à Montbéliard.

Thierry Kisel : Thierry, j'ai 58 ans, mes premières photos remontent à plus de 50 ans en arrière - déjà ! - et le souvenir ému du portrait fait d'un prêtre qui habitait près de chez mes parents ... un portrait déjà, je devais avoir une dizaine d'années. 

Quand et pourquoi avez-vous commencé à photographier ? Et avec quel appareil ?

Lionel Fernandez : Lors d'un voyage aux États-Unis en 2010 avec l'achat de mon premier appareil photo un bridge Panasonic. Je voyageais souvent et j'aimais l'idée du photo-reportage et de la photo souvenir. J'ai investi ensuite dans un reflex Nikon, puis en juin 2017, j'ai fait mon premier shooting par « accident », c'est à ce moment-là que tout a commencé. 

Thierry Kisel : Après un passage par la peinture et la découverte passionnée du surréalisme, notamment les chefs d'œuvre de Salvador Dali, l'arrivée des premiers numériques offrant une résolution acceptable fut l'occasion du retour boulimique à la photographie : boulimie de matériel, de style de photos, de recherche de techniques diverses hors des sentiers battus. Mon tout premier appareil fut un Instamatic avec les flashs cube dessus !

Pourquoi avoir choisi la photographie pour vous exprimer ?

Lionel Fernandez : j'ai toujours été attiré par l'art en général, étant quelqu'un d'introverti, réservé, voir timide, c'était mon moyen d'expression. Contrairement à la musique, ou l'écriture, la photographie s'est imposée à moi par un enchainement de circonstances.

Thierry Kisel : Saisir l'instant, cueillir le détail que l'on ne voit pas toujours puis peindre la réalité.

Comment définiriez-vous votre pratique ?

Lionel Fernandez : bidouillage:-)

Thierry Kisel : énormément de portraits en tous genres et tous lieux, occasion de rencontres enrichissantes au détour d'un shooting, et parfois de nouer des relations amicales.La recherche régulière aussi de techniques inédites, afin de tenter de sortir des sentiers battus et ... surprendre parfois !

Qu'est-ce que vous apporte l'acte photographique ?

Lionel Fernandez : le premier mot qu'il me vient à l'esprit « création » car j'ai toujours eu ce besoin … et je corrigerais par qu'est-ce que nous apporte l'acte photographique en tant que photographe de modèles.

Thierry Kisel : Une forme d'épanouissement à saisir l'instant, magnifier le quotidien.

Avez-vous d’autres sources d’inspiration que l’art photographique ? 

Lionel Fernandez : la musique sans la moindre hésitation … il m'arrive même de penser musique dans ma tête pendant un shooting photo.

Thierry Kisel : La musique, la peinture.

Quel regard portez-vous sur l’art en général et sur la photographie ? 

Lionel Fernandez : Un regard infini … tellement cet univers est vaste

Thierry Kisel : L'art, un moyen d'expression universel, de dépassement de soi, permettant de donner libre court à la pensée créatrice et à la partager ensuite. La photographie, un moyen de communication universel, un art à part entière dans le processus créatif et le partage des œuvres.

Quel grand maître de la photographie admirez-vous le plus ?

Lionel Fernandez : Peter Lindbergh, Helmut Newton, Annie Leibovitz, Alina Lebedeva … pour n'en citer que quelques un(es).

Thierry Kisel : Sebastiao Salgado

Quel est l’avenir de la photographie, selon vous ? 

Lionel Fernandez : Le même avenir que l'Homme … et ce n'est pas très rassurant.

Thierry Kisel : évidemment les smartphones et tablettes trustent le devant de la scène, et il faut leur reconnaître des progrès techniques fulgurants. Ce développement faramineux s'accompagne d'une culture de l'instantanéité : tout, tout de suite, et la seconde d'après on zappe ! Néanmoins, il restera toujours une place à la photo comme moyen d'expression moins urgent, plus posé et créatif.

Quelles ont été les principales difficultés liées à votre pratique artistique ?

Lionel Fernandez : Exposer, oser montrer un peu de soi, se dévoiler …

Thierry Kisel : trier parmi des dizaines de milliers de photos ... et surtout choisir et n'exposer qu'une seule photo de chaque modèle. M'astreindre au noir et blanc pour toutes ces photos.

Avant de porter l'appareil photo à votre œil, avez-vous déjà imaginé le cadrage de la photo ? 

Lionel Fernandez : parfois oui, souvent même, mais j'aime laisser place à cette partie « improvisation ». Il m'est souvent arrivé de faire LA photo du shooting sur le moment, d'avoir saisi juste l'instant, cet instant.

Thierry Kisel : En grande partie, oui 

Comment choisissez-vous vos images lors de l'éditing sur l'ordinateur ? 

Lionel Fernandez : l'émotion que la photo procure sans la moindre hésitation.

Thierry Kisel : plusieurs critères interviennent ; la qualité technique de la photo sans faille, c'est le sine qua non. Ensuite au feeling ... d'une part que la photo me "parle" ... et d'autre part, en fonction de ce que je pourrai faire de cette photo au post-traitement.

Pour vous, l'appareil photo est un outil ou un instrument ? 

Lionel Fernandez : Je ne peux m'empêcher de le comparer à un instrument étant musicien … je dirais qu'il est la continuité de l'œil du photographe et un fidèle complice.

Thierry Kisel : C'est un instrument sur lequel on doit jouer sa partition : les objectifs à y fixer et les réglages à prévoir.

Quel matériel utilisez-vous ?

Lionel Fernandez : Un Nikon D750 et un 50mm dans 99% des cas. Il m'arrive parfois en intérieur de me déplacer avec une softbox 80cm.

Thierry Kisel : Un plein format Nikon D800E

Quels sont vos 2 objectifs préférés ?

Lionel Fernandez : un seul, le Nikon 50mm 1.4

Thierry Kisel : 85 mm f/1.8 notamment pour les portraits et 24/120 f/4 - véritable couteau suisse dont la qualité globale est tout à fait satisfaisante

Focales fixes ou zoom ? Pourquoi ce choix ? 

Lionel Fernandez : focale fixe sans la moindre hésitation … je me sens vite perdu avec un zoom. Je me sens plus libre de mes mouvements avec mon 50mm et j'apprécie le fait de pouvoir utiliser l'appareil d'une main et d'utiliser l'autre pour guider la modèle, son regard. Le poids peut aussi entrer en considération.

Thierry Kisel : Les deux pour permettre de s'adapter au mieux à chaque situation : le zoom par sa souplesse, la focale fixe par la discipline à laquelle elle astreint et une qualité globale plus pointue.

Avez-vous un accessoire qui vous est particulièrement utile dans votre approche photo ?

Lionel Fernandez : différents types de « filtres » comme un voile rouge, des bouteilles plastiques, etc. … Je préfère m'encombrer le moins possible.

Thierry Kisel : deux ; réflecteur et flash pour sculpter au mieux la lumière.

Quels conseils donneriez-vous à un photographe débutant ?

Lionel Fernandez : de faire et de bien choisir ses workshops. J'ai pu avec l'aide de professionnels évoluer rapidement grâce à ces formations. Et je dirais créer et éviter de tomber dans la copie, même si nous sommes toujours dans l'inspiration

Thierry Kisel : fais-toi plaisir, ouvre tes yeux, observe, déclenche et, inlassablement, remet l'image sur le capteur jusqu'à obtenir ce que tu souhaites.

Avez-vous un site internet, une page Facebook, ou autre ?

Lionel Fernandez : Facebook@elfephotographie  - Instagramelfe_photographie 

Thierry Kisel : Facebook - Thierry25 Photographe

Un petit mot pour vos lecteurs et futurs visiteurs ? 

Lionel Fernandez : Soyez indulgent :-)

Thierry Kisel : Ami visiteur, merci pour votre visite : un portrait c'est un regard, une rencontre, un reflet de l'âme. Au fil de ces images ... toucher un point sensible, susciter une réaction, une émotion, un sourire, éveiller un souvenir ... vous faire partager ces rencontres que j'ai eues le plaisir d'effectuer au fil du temps sera notre plus belle récompense à tous ces modèles et à moi.