Zoom sur... Bernard POURCHET

Biographie

C'est dans la continuité de son activité professionnelle que Bernard Pourchet est venu à la création d’œuvres numériques imprimées.

Après avoir obtenu un diplôme en communication visuelle à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, il a travaillé durant plusieurs années dans une agence de muséographie parisienne avant de revenir s’installer dans le Haut Doubs en 1998 comme graphiste indépendant. Il se met à la photographie et achète son premier appareil numérique afin de pouvoir répondre aux besoins d’images pour la communication visuelle de ses clients. La photographie devient l’un de ses nouveaux outils de création.

Lassé de l’isolement dû au travail d’indépendant, il intègre en 2007, une entreprise Suisse spécialisée dans la fabrication de documents gouvernementaux (cartes d’identité, permis de conduire…). Il se forme au graphisme sécuritaire pour la réalisation de design de cartes et découvre, que cette approche graphique extrêmement technique et rigoureuse, qui utilise des formes et des lignes graphiques microscopiques, offre en réalité un immense potentiel créatif, pour peu qu’on fasse abstraction des contraintes liées à l’impression offset.

En 2010, il réalise ses premières recherches personnelles associées à la photographie qu’il fait imprimer numériquement en grand format, renversant ainsi le rapport d’échelle de visualisation. Ce qui était minuscule devient visible et constitue la structure de la composition. Ses recherches s’orientent rapidement vers l’abstraction qui lui permet d’explorer pleinement ce potentiel graphique. Puis, expérimentant de nouvelles approches de composition et de photographie, il cherche davantage à travailler directement à partir de l’image pour l’interpréter dans sa globalité. L’image devient un prétexte à une recherche picturale plus expressive. 

Depuis 2010, il participe à différents événements artistiques (Salon d’Automne de Paris, Réalités Nouvelles, Biennale de Besançon, Biennale de Jours de Lumière, Salon Regain à Lyon,…). Son langage artistique associé à l’impression numérique lui permet d’explorer de nombreux univers : mode, décoration, architecture…

 

Mon approche artistique

Utilisant l’outil numérique comme moyen d’expression, je m’efforce de remettre en question les codes de la représentation par le biais d’un langage visuel personnel qui utilise le vocabulaire du design graphique et puise son inspiration dans la photographie. Bien que réalisé numériquement, mon travail s’exprime essentiellement à travers la surface imprimée.  

Je travaille à partir de photographies dont je vais extraire de la matière graphique presque microscopique pour reconstruire l’image à ma façon ou m’abandonner à des compositions abstraites, créant ainsi un univers pictural où le détail est le maillon essentiel de la perception.

Je ne reproduis rien, j’invente, j’interprète.

Devant mon écran, je sculpte de la poussière d’images au gré de ma sensibilité, explorant des combinaisons improbables de formes et de couleurs apportées par ces éléments graphiques qui agissent comme des pigments macroscopiques pour recomposer l’image et créer des nuances.

Je ne sais pas où je vais. J’avance, testant méthodiquement les interactions de formes et de couleurs, jusqu’à ce que l’ébauche d’un monde surgisse devant moi et m’accroche. Je me laisse alors guider. Domptant l’imprévu, provoquant l’inattendu, je suis condamné à progresser car le retour en arrière est limité, presque impossible. L’équilibre est souvent instable. Il arrive que l’œuvre m’échappe par un excès de curiosité.
Cartographies de mondes imaginaires, vues du ciel, plongées dans la matière organique à travers un microscope; mes créations sont nourries de ces incroyables images qu’il faut aller chercher et demandent parfois un effort d’observation, de ces images qui nous transportent du fond de l’univers jusqu’à l’intérieur de la matière, qui nous déstabilisent par le manque de repères et la démesure des rapports de grandeur, ces images qui nous donnent envie d’aller voir toujours plus loin.   

Remplaçant l’instrument d’optique par la distance physique, je crée des œuvres qui offrent plusieurs niveaux de lecture, allant à l’encontre de la représentation commune de l’image bidimensionnelle qui nécessite une distance d’observation proportionnelle à la taille de l’image. Mais cette distance de confort entre l’œil et l’œuvre est insaisissable. Mes créations sont comme un piège qui exerce une attirance incontrôlable. Dès le premier regard, le doute s’installe entre ce que l’on perçoit et ce que l’on croit voir. L’envie de se rapprocher pour comprendre ce que l’on voit est irrésistible, nous déstabilise, nous emporte. Plus on s’approche, plus l’image se transforme en un univers abstrait. 

Je façonne des univers complexes qui ne dévoilent pas tout à la première lecture, des univers qu’il faut apprivoiser, se donner la peine de découvrir et dans lesquels le regard parfois se perd.

Chaque œuvre est comme un instantané saisi dans cette progression vers l’infiniment petit où l’on découvre l’importance de ces minuscules éléments que l’on croit insignifiants, négligeables et qui, pourtant, ont tous leur importance dans l’existante même de la composition.

C’est un univers qui nous échappe, complexe, recomposé et multiple, sans repère, un univers que le regardant découvre puis explore sans jamais parvenir à en faire le tour ou à se l’approprier en totalité.

 

Notre perception du monde change selon notre point de vue, selon ce que l’on veut y voir ou ce que l’on croit y voir et selon notre degré de curiosité.