Zoom sur... Stéphane Renaux (Novembre 2022)

Stéphane Renaux s’inscrit dans la tradition des photographes humanistes. Travaillant uniquement en argentique et en noir et blanc, il utilise son propre laboratoire pour réaliser ses tirages sur papier baryté.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J'ai 57 ans et depuis plus de vingt ans, j'habite dans les Vosges, un petit village entre Epinal et Gérardmer. J'ai exercé le métier de facteur rural, et je suis maintenant pré-retraité.

Vous travaillez en argentique et en noir et blanc. Pourquoi ce choix ?

J'ai débuté la photo il y a plus de 30 ans. Pour l'argentique, la question ne se posait donc pas. Quant au noir et blanc, c'était facile d'intégrer un club photo et d'apprendre les rudiments du développement. Par la suite, le noir et blanc est devenu une évidence !

Votre premier déclic photographique ?

Le véritable déclic photographique, je m'en souviens parfaitement, c'était en Ardèche en 1990. J'ai fait le portrait d'une petite ardéchoise. A ce moment-là, le réel s'est parfaitement superposé à mon imaginaire photographique. Le résultat a été à la hauteur de cet instant : c'est une photo qui, encore aujourd'hui, me touche.

L'appareil photo de vos débuts

C'était un Pentax P30N avec un 28-80mm.

Celui que vous utilisez aujourd'hui ?

Mon appareil de prédilection, pendant plus de 15 ans, a été un Minolta CLE. Malheureusement, il est usé, et n'est plus réparable. J'utilise trois autres boîtiers : un Hasselblad X-PAN, un Mamiya 7 II, et un Nikon F90-X

L'homme d'images qui vous inspire ?

Je me retrouve dans le style de Tony Ray Jones ou dans celui de Richard Kalvar.

L'image que vous auriez aimé faire ?

La photo de Martin Parr en noir et blanc intitulée : "Tom Greenwood cleaning, Hebden Bridge, Yorkshire" qui date de 1975. Elle montre un homme en équilibre très instable sur un tabouret, qui nettoie la vitre d'une porte. Tout est juste dans cette photo, le cadrage, l'instant et une pointe d'humour bienveillante.

Celle qui vous a le plus ému ?

La photo de Franck Fournier intitulée "L'agonie de Omaya Sanchez". Elle date de 1985 et a exposé au visage du monde le tourment et l'agonie d'une petite fille prise sous les décombres de sa maison suite à l'éruption d'un volcan en Colombie.

Et celle qui vous a mis en colère ?

Il n'y a pas à proprement parler de photos qui me mettent en colère. Certaines peuvent m'irriter tout au plus...mais elles sont vite occultées par la découverte de photographes peu ou pas connus, tel que récemment, Antanas Sutkus, dont les images de Lituanie me renversent littéralement.

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

Etre disponible, ouvert, à l'instant, tel qu'il va se présenter. La passion qui nous porte à photographier fera le reste...

Votre plus grande qualité ?

Mon audace... d'après mon entourage !

Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?

Travailler enfermé dans un bureau ne m'aurait pas convenu du tout !

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?

L'extravagance n'est pas ce qui me caractérise en tant que photographe. Ma démarche est plutôt classique et reste dans un cadre bon enfant.

Votre plus grand regret ?

Je n'ai pas de grand regret, mais assurément et régulièrement, de petites déceptions lors de la prise de vue : je n'ai pas été assez attentif, j'étais trop loin, ou trop près...

L'image qui représente pour vous l'état actuel du monde ?

J'ai en tête la photo d'une bénévole de la Croix-Rouge, sur une plage en Espagne, qui réconforte un migrant effondré d'épuisement. Ce geste fraternel n'a pas empêché son expulsion... Cette image illustre parfaitement que l'empathie au niveau individuel est parfois, même souvent, supplantée par l'aveuglement et le cynisme des instances dirigeantes de tous pays.

En guise de conclusion ?

Je photographie juste pour le plaisir, avec une impérative légèreté. Celle-ci me mène du printemps à la fin de l'été à vagabonder, l'oeil aux aguets.